Directive de signalement – Corneilles de rivage et d’Amérique

Ken Burrell, Natural Resource Solutions Inc.

16 avril, 2021

L’expansion de l’aire de la Corneille de rivage en Ontario pose des problèmes d’identification pour les observateurs d’oiseaux dans l’ensemble de la province. Dans le passé, cette espèce était considérée comme un visiteur occasionnel extrêmement rare chez nous. Toutefois, depuis 2012, elle y a connu une expansion rapide, vraisemblablement à partir de la région des Finger Lakes, dans le nord de l’État de New York, où il se trouve une population résidente de l’espèce depuis la fin des années 1970 (Wells et McGowan, 1991). Cette corneille a également étendu son aire vers le nord dans la vallée du Mississippi (p. ex. Hicks, 2009), région qu’on ne peut exclure comme possible source d’individus présents en Ontario, surtout ceux qu’on observe à l’occasion dans l’extrême Sud-Ouest.

Figure 1. Partie principale de l’aire de nidification présumée de la Corneille de rivage en Ontario.

Depuis 2012 et l’expansion rapide de la population de la Corneille de rivage en Ontario, de plus en plus de preuves de nidification ont été notées, principalement dans la région du Niagara et entre Toronto et Burlington. La première attestation documentée de la présence d’un nid date de 2018 (Fazio, 2019), et les indications actuelles portent à croire que l’espèce pourrait se reproduire dans différentes zones à proximité immédiate, à savoir à moins d’un kilomètre, de la rivière Niagara et de la rive du lac Ontario à partir de la région du Niagara ainsi que dans toute la région de Hamilton et de Toronto, voire vers l’est jusqu’à Oshawa. Il faudrait également surveiller la présence de la Corneille de rivage à l’extérieur de cette zone «principale» où il y a eu des mentions çà et là pendant la saison de nidification.

Période cible

C’est généralement aux environs de la mi-mars que les Corneilles d’Amérique commencent à établir leur territoire de nidification dans le sud de l’Ontario. Durant cette période, elles vocalisent fréquemment dans tous leurs territoires pendant que les adultes couvent les oeufs. La ponte commence dès la fin de mars dans le sud de la province et l’incubation dure environ 17 jours, les naissances ayant lieu en général de la fin d’avril à la mi-mai. Les premiers envols ont généralement lieu vers la fin de mai, mais dans de rares cas, certains jeunes peuvent quitter le nid seulement à la fin de juin (données tirées de Peck et James, 1987; Rousseu et Drolet, 2015; et Verbeek et Caffrey, 2020).

Dans la région d’Ithaca (N.Y.), les Corneilles de rivage ont tendance à nicher environ deux à trois semaines après les Corneilles d’Amérique (McGowan, 2020), ce qui concorde avec la mention de nidification provenant de Mississauga en 2018 (Fazio, 2019).

Une différenciation visuelle difficile

Les deux espèces de corneilles sont pratiquement identiques sur le plan physique, les indices visuels rendant la différenciation très difficile, voire carrément impossible. En moyenne, la Corneille de rivage pèse 50 à 70% moins que sa cousine la Corneille d’Amérique; toutefois, cette différence peut être difficile à juger si l’on ne voit pas des individus des deux espèces côte à côte, sans compter le dimorphisme sexuel propre aux deux espèces (les mâles sont plus gros que les femelles). De plus, la Corneille de rivage peut arborer un plumage plus lustré et un bec un peu moins imposant. Il existe également plusieurs autres différences infimes entre les plumages, par exemple la formule alaire des primaires; Kevin McGowan fait très bien ressortir ces différences dans l’aperçu détaillé qu’il présente à l’adresse https://www.birds.cornell.edu/crows/FishCrow.htm

Figure 2. Une Corneille de rivage à Mississauga, dans la région de Peel. Photo: Dennis Dirigal.

Vocalisations

Le meilleur moyen – et le plus fiable – de différencier les deux espèces de corneilles est leurs vocalisations

La voix de la Corneille d’Amérique se caractérise par le cri habituel cââ bien connu qui peut être émis sur des tons très variés. On peut entendre des exemples de l’éventail des cris de l’espèce sur le site Web Xeno-Canto, dans la Macaulay Library, et dans le Peterson Guide to Bird Sounds. Voici un exemple d’une séquence vocale typique de Corneille d’Amérique commençant par des cââ clairs suivis des mêmes notes plus rauques émises par un deuxième individu à l’arrière-plan:

La Corneille de rivage a une voix beaucoup plus nasillarde que la Corneille d’Amérique et produit un cah ou cah-ah bref et nasillard; moins souvent, un cahrrr plus rauque. On peut également trouver des exemples de l’éventail vocal de la Corneille de rivage sur le site Web Xeno-Canto, dans la Macaulay Library, et dans le Peterson Guide to Bird Sounds. Voici un exemple d’un individu type qui émet surtout des cris d’une seule note (notez les cââ de Corneille d’Amérique à l’arrière-plan pour fins de comparaison):

Et un exemple du double cââ carrer:

Bien que les deux espèces puissent être distinguées facilement par leurs cris typiques, il faut faire attention au cri de quémandage de la Corneille d’Amérique produit par les jeunes et les adultes dépendants dans certaines situations, lequel cri peut ressembler à la voix de la Corneille de rivage. Les Corneilles d’Amérique adultes émettent des cris de quémandage tôt dans la saison de nidification (en général du début d’avril à la mi-mai), lorsque les adultes sont au nid ou à proximité et répondent à leurs partenaires. De plus, les jeunes dépendants lancent souvent des cris de quémandage à leurs parents après avoir pris leur envol (de la fin de mai jusqu’en juillet) pour quêter de la nourriture. Vous pouvez entendre un cri de quémandage d’une Corneille d’Amérique sur le site Web de Xeno-Canto:

Directive de signalement

Références

Fazio, L. 2019. First successful nesting of Fish Crow in Ontario and Canada. Ontario Birds 37: 100-106.

Hicks, T.L. 2009. Fish Crow (Corvus ossifragus) Range Expansion in Kansas. Kansas Ornithological Society Bulletin 60: 29-36.

McGowan, K. J. (2020). Fish Crow (Corvus ossifragus), version 1.0. In Birds of the World (A. F. Poole and F. B. Gill, Editors). Cornell Lab of Ornithology, Ithaca, NY, USA. https://doi.org/10.2173/bow.fiscro.01

Peck, G.K. and R.D. James. 1987. Breeding Birds of Ontario Nidiology and Distribution Volume 2: Passerines. Royal Ontario Museum, Toronto, Ontario. 387 pp.

Rousseu, F. and B. Drolet. 2015. Prediction of the nesting phenology of birds in Canada. In: J. Hussell and D. Lepage. 2015. Bird Nesting Calendar Query Tool. Project NestWatch. Bird Studies Canada / Études d’Oiseaux Canada, URL: https://www.birdscanada.org/apps/rnest/warning.jsp

Verbeek, N. A. and C. Caffrey (2020). American Crow (Corvus brachyrhynchos), version 1.0. In Birds of the World (A. F. Poole and F. B. Gill, Editors). Cornell Lab of Ornithology, Ithaca, NY, USA. https://doi.org/10.2173/bow.amecro.01.

Wells, J.V. and K.J. McGowan. 1991. Range expansion in Fish Crow (Corvus ossifragus) the Ithaca, NY, colony as an example. Kingbird 41:73-81.

Remerciements

Je remercie Laura Hockley, de Natural Resource Solutions Inc., qui a produit la carte de la figure 1.

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